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Travaux d'étudiants |
Catalogue des travaux d'étudiants
Vous trouverez ci-après la liste de quelques Mémoires d'étudiant en Master II consultables en ligne :
Le Fañanatr’aliñy en pays betsimisaraka (Cas du village Rantolava)
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| Mémoire en vue d’obtention du Diplôme de Master II, présenté par Madame LAVITRA Sabine et dirigé par Le Professeur Eugène Régis MANGALAZA (Université de Toamasina)
La problématique : Par la mort, le nouveau dĂ©funt a Ă©tĂ© brutalement basculĂ© dans la vie post-mortem. Lors de ce douloureux passage dans l’au-delĂ , il a « vu » son dernier souffle vital partir, tout son corps raidir et des gens pleurer autour de lui. Par la suite, il a « vĂ©cu » sa première nuit sous terre, sans feu ni lumière. Certes de son vivant, il a beau imaginĂ© cette situation, mais la « vivre » en grandeur nature est encore plus dĂ©structurant. Maintenant qu’il est mort, il est versĂ© dans l’oubli. Il n’existe plus que par son « aliñy » ou « iaña » (son principe immortel).
Chez les Betsimisaraka de la côte orientale malgache, l’ «aliñy» ou « iaña » des défunts est classé en deux catégories : d’un côté, il y a l’ «aliñy» déjà socialisé par le rite sacrificiel du lahojôro (secondes funérailles) qui jouit de la sérénité divino-ancestrale ; de l’autre, il y a l’ «aliñy » encore marginalisé et qui est dans l’errance de l’entre-deux. Dans ce dernier cas, nous avons affaire à l’«aliñy» d’un défunt n’ayant pas encore suffisamment blanchi ses os pour avoir droit au rite du lahojôro.
Durant cette période de marginalité et d’errance (car la chair n’a pas encore entièrement quitté les os) l’ «aliñy» du nouveau défunt est tenté de hanter l’espace des survivants. Par sa présence intempestive il ne peut que déranger. Il est source de désordre pouvant ainsi se traduire sous forme de feux follets, de cauchemar pour les adultes, d’insomnie pour les enfants ou encore, de fausses couches pour les femmes enceintes. Les survivants le considèrent comme un intrus.
Alors que dans certaines ethnies de Madagascar on tue carrément un « aliñy » un « iaña », un «lôlo », un «matoatoa» ou encore un «ambiroa» devenu déviant et pervers (parce qu’il dérange), chez les Betsimisaraka du village de Rantolava on s’efforce plutôt de le mettre sur le droit chemin. Ici, le devin-guérisseur va jouer un double rôle : d’une part, aider les « aliñy » déjà socialisés (les ancêtres) à canaliser les tendances perverses de l’«aliñy» du nouveau défunt durant sa période de marginalité ; d’autre part, protéger les survivants des actions perverses d’un «aliñy» en errance et en mal de reconnaissance sociale. L’étude du «fañanatr’aliñy» est, nous semble-t-il, l’une des grilles de lecture de la pensée betsimisaraka.
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| Rasahariaña tsimihety et fihavañaña (Cas du village d’Ambôdimabibo, district de Port Bergé)
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| Mémoire en vue de l’obtention du Diplôme de Master II en Anthropologie sociale, présenté par le Père Joseph Justin RANDRIANANDRASANA et dirigé par Le Professeur Eugène Régis MANGALAZA (Université de Toamasina).
La problématique : Le fihavañaña est l’une des valeurs cardinales du patrimoine culturel malgache. A Madagascar, mythes et rites s’articulent autour de cette notion de fihavanaña. Car le fihavañaña ne s’épuise pas dans sa dimension interpersonnelle d’un « Je » Ă un « Tu » Ă l’intĂ©rieur du lignage ou dans sa dimension collective d’un « Nous » Ă un « Vous » entre diffĂ©rents groupes lignagers qui se sont alliĂ©s entre eux, mais il va bien au-delĂ des rapports entre les humains. En fait, tous les ĂŞtres constitutifs du cosmos (du monde minĂ©ral au monde animal) forment une seule et mĂŞme famille. Le tout cosmique est liĂ©. Dans la pensĂ©e malgache, le fihavañaña est l’humanisation de ce lien cosmique et nous conduit au divin.
Le rite du rasahariaña n’est-il pas l’une des déclinaisons du fihavañaña ? Par ce rite en effet, il est question de montrer qu’en dépit de la rupture occasionnée par la mort, le défunt reste toujours un proche parent (« havanaña marìny »). Maintenant qu’il va résider définitivement au « village des morts », il est normal de lui restituer une partie de tous les biens (« hariaña ») qu’il a pu amasser de son vivant. C’est le prix à payer pour que la bonne entente (« fihavanaña »), qui a toujours prévalu jusqu’ici, perdure par-delà la mort. Le rasahariaña est une riposte existentielle face au tragique de la vie. Il relève des us et coutumes héritées des ancêtres.
Avec la modernité, de nouvelles tables de valeur tentent de supplanter ces mœurs et coutumes. Tout bouge, tout évolue et tout pousse au changement. Si hier, les anciens du village d’Ambôdimabibo étaient les vrais détenteurs de la connaissance et de la sagesse, aujourd’hui, ils sont dépossédés de la parole. Le pouvoir gérontocratique s’effrite peu à peu.
En tant que prêtre tsimihety et exerçant notre mission pastorale en pays tsimihety, l’approche anthropologique nous paraît féconde pour bien vivre de l’intérieur la place de l’inculturation dans la quotidienneté de l’évangélisation. Car l’Eglise doit prendre en compte les pratiques culturelles du terroir si elle veut que les fidèles vivent authentiquement leur foi de chrétien épanoui. Le déracinement culturel conduit à l’échec. Le Pape JEAN PAUL II a clairement donné des orientations dans ce sens. Le Concile de Vatican II est une grande opportunité pour l’Eglise catholique à Madagascar si cette dernière entend réellement apporter sa part de brique dans le dialogue inter-religieux où l’on n’exclut personne car nous sommes tous assis sur la grande natte du fihavanaña et unis dans le cœur du Christ.
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| NOUVELLE ÉVANGÉLISATION (Cas de l’Eglise Évangélique Shine d’Ankirihiry, district de Toamasina)
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| Mémoire en vue de l’obtention du Diplôme de Master II en Anthropologie sociale, présenté par Madame Céline Marie Yolande VIA et dirigé par Le Professeur Eugène Régis MANGALAZA (Université de Toamasina).
La problématique : A Madagascar, lorsque nous parlons du christianisme, nous pensons automatiquement aux Églises chrĂ©tiennes constituĂ©es : l’Église Catholique Apostolique et romane, l’Église Anglicane, l’Église LuthĂ©rienne et l’ l’Église F.J.K.M. (Fiangonan’i Jesosy Kristy eto Madagasikara). Au cours de la colonisation française, ces Églises ont eu le monopole de l’évangĂ©lisation sur toute l’étendue du territoire. PrĂŞchant chacune pour ses clochers, ces quatre Églises ont essayĂ© d’imposer des modèles de comportement qu’elles pensent mieux rĂ©pondre Ă ceux d’un vrai chrĂ©tien. Pour protĂ©ger leur prĂ©-carrĂ©, ces quatre Églises, qui se disent «traditionnelles», ont pris l’initiative de se regrouper en un Consortium dĂ©nommĂ© «Fiombonan’ny Fiangonana Kristianina Malagasy» (F.F.K.M) ou Conseil des Églises ChrĂ©tiennes Malgaches. Car depuis une vingtaine d’annĂ©e, de nouvelles obĂ©diences religieuses dites «Églises Ă©vangĂ©liques» (que l’on stigmatise en secte) se sont implantĂ©es, elles aussi, dans les coins et recoins de Madagascar.
Dans leur stratégie, en vue de briser le monopole du «Consortium FFKM», ces différentes Églises évangéliques nouvellement implantées à Madagascar, n’ont pas hésité à s’inscrire dans de nouvelles approches d’évangélisation (des liturgies plus entraînantes, des annonces publicitaires, des galas évangéliques, des politiques de proximité sur la quotidienneté des gens,…). L’essentiel est de mieux séduire, Bible à la main, pour accéder pleinement à ce «marché spirituel» composé de vingt deux millions de Malgache à évangéliser ou à re-évangéliser.
L’Eglise évangélique SHINE, fondée par le Pasteur Patrick ANDRIANARIVO, s’investit d’abord dans les milieux urbains en vue de conquérir ultérieurement le monde du rural. L’idée est de former des Évangélistes zélés et bien en phase avec leur milieu pour proposer un nouveau produit spirituel : un CHRIST plus débonnaire, plus triomphant par rapport à un CHRIST d’humilité, d’amour et de souffrance du clocher d’en face. Car la compétition est dure.
Une approche anthropologique de cette nouvelle communauté spirituelle implantée à Toamasina va nous permettre de mieux l’observer de l’intérieur.
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